Sur le blog de Writer Forever, je publie des articles et des vidéos sur les thèmes suivants : mon quotidien d’auteur, mes conseils en écriture, des interviews d’écrivains, la créativité au quotidien. Je partage aussi avec vous certains de mes textes, mon point de vue sur mes lectures et mon actualité du moment.
Vous avez sans doute écouté le premier extrait de mon roman jeunesse Journal d'une ado expatriée. Vous avez envie de connaître la suite ? La voici ! Il vous suffit de cliquer sur la petite flèche ci-dessous pour découvrir le deuxième extrait audio de ce roman pour pour les 9-13 ans qui traite de l'expatriation et de la vie à l'étranger. Il sera disponible en version papier et électronique début juin.
Dans ma dernière vidéo intitulée "Le récit à la deuxième personne est-il possible ?", je vous avais promis en conclusion de partager avec vous un texte dont je suis l'auteure et que j'ai écrit à la seconde personne du singulier. Comme promis, le voici. Vous pouvez, le lire et/ou l'écouter.
Tu te brosses les cheveux devant le miroir de la salle de bain aux murs défraichis. Tu t’appliques à donner un mouvement à ta crinière brune. Tu te rapproches de ton reflet. Tu poses ta brosse pour mieux examiner dans le miroir cette mèche de cheveux blancs, située juste derrière l’oreille. Elle t’énerve. Elle t’inquiète. Tu te dis que tu devrais peut-être te teindre les cheveux comme ta mère l’avait fait à ton âge. Non, surtout pas. Tu es comme tu es. Un point c’est tout. Tu te convaincs qu’elle ne se voit pas parce qu’elle est cachée par les cheveux du dessus. Tu te demandes : « Et s’il y en avait d’autres ? Ailleurs que derrière l’oreille ? ». Tu t’y prends à deux mains. Tu écartes tes cheveux presque un à un. Tu découvres avec stupeur qu’il y en a des tonnes. Mais depuis quand ? Tu te mets à les compter. A peine arrivé à 20, tu te rends compte de la stupidité de l’acte. Autant cherché une aiguille dans une botte de foin. Tu t’écartes du miroir et tu te regardes. Tu examines ta peau - blafarde - le contour de tes yeux - bleutés - ta bouche - fatiguée. Autant te rendre à l’évidence. Tu as pris un sacré coup de vieux.
Tu te maquilles tout en réfléchissant à cette découverte affligeante : qu’est-ce que tu as vieilli ! Personne ne te l’a dit. Non, personne. Même pas ton mari. Même pas tes enfants. Peut-être ne s’en sont-ils pas rendu compte. Par habitude. Par manque de temps. Par désintérêt ? Et toi ? Tu n’avais vraiment rien remarqué ? Ben non, trop affairée que tu es à t’échiner au boulot pour joindre les deux bouts, à t’occuper des autres, à subvenir à leurs besoins quotidiens, à ne jamais demander de l’aide. Quand as-tu pris soin de toi pour la dernière fois ? Quand as-tu été chez le coiffeur par exemple, hein ? Tremblante, tu appliques un peu de rouge à lèvres couleur framboise pour raviver ton visage. Demain, tu prendras rendez-vous. Oui, demain … peut-être.
Tu t’observes à nouveau dans le miroir pour voir l’effet du rouge sur tes lèvres. Et là, tu as un choc. On dirait ta mère à ton âge. Le même regard. La même bouche. La même expression fatiguée. Exactement ce que tu refuses. Si seulement ce n’était qu’une ressemblance physique. Mais tout dans ce visage te rappelle tout à coup son parcours qui est aussi le tien. Une scolarité moyenne dans une école moyenne. Une jeunesse trop tôt bousculée par une première grossesse. Un mariage précipité. Un travail que tu n’aimes pas. Tout est là dans ton reflet qui révèle ton milieu. Tu aurais tellement voulu t’élever, ne serait-ce qu’un tout petit peu, pour ne pas finir comme elle : aigrie par la médiocrité de sa vie.
Tu vois défiler dans ton regard des souvenirs d’enfance : ta rentrée des classes en sixième, la peur au ventre, la crainte du regard des autres. Ton cartable en mauvais cuir, le même que les années précédentes, alors que les autres … Les autres avaient le dernier Tann’s ! Ton parcours scolaire moyen, les choix d’orientation. Tu voulais être une artiste, faire les beaux-arts. Dessiner, c’était ta vocation, ce qui te faisait vibrer, comme on dit maintenant. Tu te rappelles encore de la réaction indignée de ta mère : « Tu rêves ou quoi. L’art, c’est pas sérieux. Tu seras secrétaire, ma fille ! »
Tu détournes le regard de toi-même pour te concentrer sur le miroir. L’objet en tant que tel. Tiens, des traces de doigts. Une projection de dentifrice. Tu cherches ton spray nettoyant spécial vitres. Ton chiffon en coton. Tu nettoies pour oublier, pour détourner ton attention de cette réalité cruelle, de ton quotidien minable, de ce que tu es devenue. Pourtant il va bien falloir t’y faire, vivre avec, à moins que … La roue tourne, ma belle ! La roue tourne. Et elle a tourné trop vite pour toi. Soit tu continues comme ça sans te poser de questions et tu deviens comme ta mère soit tu te prends en main. En as-tu le courage ? As-tu encore le temps ? Tes yeux s’accrochent au lavabo. Quelqu’un à oublier de le rincer. Vite, tu le nettoies à grand renfort de Mr Propre.
Tu as peur. Tu te recroquevilles sur toi-même. Tu ne veux pas tout chambouler, modifier ton équilibre précaire et misérable qui te détruit à petit feu. Eh bien, c’est ça ou tu crèves sur place lentement mais sûrement. Et sans rien dire, ok ? Te plains pas de ta vie, s’il te plaît, y en a qui sont plus à plaindre que toi. Estime-toi heureuse. C’est ce que ta mère te disais, quand t’étais gamine et que tu rêvais de ton premier jean, devant la vitrine du magasin de la rue principale de ton village : « De quoi tu te plains ? T’as déjà un pantalon que je sache ! » Cette phrase prononcée par la voix nasillarde et amer de ta mère retentit dans ta tête. Elle serait là, elle te dirait : « Mais à quoi tu rêvasses ma cocotte, il est déjà plus de 6 heure du mat. Tu as deux trains à prendre et 15 minutes de marche. T’as pas de temps à perdre devant la glace. » Tu te redresses. Tu nettoies ta brosse à cheveux, tu ouvres le tiroir devant toi et tu la ranges. Tu regardes ton visage une dernière fois dans le miroir désormais immaculé. Dans la salle de bain, tout est propre. Toi aussi d’ailleurs, de l’intérieur. Comme si ce nettoyage compulsif t’avait aidé à prendre conscience de ta situation. Oui, tu peux partir tranquille car ta décision est prise. Tu n’as plus peur. Tu vas prendre ta vie en main, car même si tes cheveux blancs te disent le contraire, au fond de toi, tu sais qu’il n’est pas trop tard.
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Pour moi, écrire c’est comme s’entraîner pour courir un marathon. Je ne laisse rien au hasard pour atteindre mon objectif ultime : terminer la rédaction de mon roman, qui s’apparente à courir 42,195 km. Le challenge est de taille. Mais il est réalisable à condition d’avoir établi une bonne préparation de course.
J’ai mis en place un programme précis et évolutif : m’entraîner deux fois par semaine à raison de trente minutes par séance. Au bout de trois mois, je ne suis plus essoufflée après chaque séance d’entraînement. Je suis si heureuse après avoir parcouru toutes ses lignes, écrit tous ces mots que j’ai décidé d’allonger la durée de mes séances d’une dizaine de minutes chaque semaine. Ma pratique hebdomadaire a renforcé ma motivation et mon bien-être. Un véritable cercle vertueux !
Chaque séance suit le même rituel. Je prépare mon matériel mais aussi mon ravitaillement. Il faut s’alimenter et s’hydrater à intervalles réguliers pour ne pas subir de fringale en chemin ni ressentir de crampes au milieu de l’ouvrage. Le fameux « mur » du 30ème kilomètre, tous les marathoniens l’appréhendent. Les écrivains aussi.
Maintenant, j’ai ma routine et je pratique ma course à pied littéraire trois fois par semaine. Pour rien au monde, je ne manquerai ce rendez-vous avec moi-même, mes personnages et mon histoire. Pour ne pas m’épuiser, j’alterne les courses faciles et les courses plus longues. Je varie les parcours en m’échauffant dans mon journal intime ou bien en m’essayant à la poésie. J’emprunte alors des chemins luxuriants de verdures, je dévale les berges des rivières, j’accélère dans les pentes abruptes des collines en m’enivrant de l’air pur de la campagne. Puis je reprends le chemin du bitume qui me ramène sur la route de mon roman encore inachevé. J’apprécie chaque entraînement car je sais qu’il me rapproche de mon objectif : finir cette course avec moi-même, terminer ce projet qui me tant tient à coeur, faire aboutir tout ce travail en franchissant la ligne d’arrivée que symbolise le mot « fin ».
J’en suis encore loin mais je ne relâche pas mes efforts. Peu importe ma vitesse. Peu importe mon chrono. Il s’agit juste de veiller à continuer d’écrire sur le même rythme, de respecter mon aisance respiratoire, d’être dans l’effort régulier. Au gré des entraînements, je franchis les kilomètres pages après pages, chapitres après chapitres. Je regarde de temps en temps ma montre. Les yeux rivés sur le goudron blanc de mon écran, je me tiens légèrement penchée en avant. Je poursuis l’effort sans me retourner, sans me soucier de mes erreurs, sans me préoccuper des autres auteurs. Je n’ai qu’un but : rajouter au moins trois ou quatre feuillets à ce livre qui n’en finit plus, pour terminer. Je m’essouffle. Je sens la fatigue me gagner. Serait-ce le syndrome de la peur du débutant, qui doute, qui se sabote ? Serait-ce le fameux « mur » du 30ème kilomètre le jour de la course qui vous fait jeter l’éponge ?
Je n’abandonnerai pas. Non, jamais, pas aussi près du but. Il ne reste après tout qu’une douzaine de pages ! Je ralentie mon allure. Je me ménage. Je marche un peu tout en avalant goulûment ma boisson et ma barre énergétique. J’inspire puis j’expire plusieurs fois de suite. L’air me fait du bien. Il a dynamisé mes neurones qui se connectent et activent mes doigts sur le clavier, d’abord lentement puis de plus en plus rapidement. Je me sens mieux. J’ai relancé ma machine à écrire interne. J’y suis presque. Je vois la banderole « Arrivée » se profiler à l’horizon. J’entends sur le bord de la route les encouragements des spectateurs : « Allez Véronique ! Tu y es presque ! Encore un effort ! » Oui, encore quelques pages, encore quelques phrases et je pourrais m’écrouler de fatigue, les doigts raidies par les crampes, ne souhaitant plus qu’une chose : vomir mon épuisement.
Chancelante, j’ai passé la ligne d’arrivée. On me félicite. Mais ce n’est pas fini. Non, ce n’est pas fini même si le plus dur est fait.
Après quelques jours de repos mérité, je reprends l’entraînement pour évacuer les toxines. Se décrasser comme on dit. Toutefois, il n’est pas question de se précipiter. Alors je parcours mon texte en trottinant tranquillement. Je relis. Je rature. J’annote. Sans précipitation. Bientôt, oui, j’aurais terminé. Bientôt.
Mais parce que j’ai été piquée par le virus de l’écriture et de la course à pied, je recommencerai !
Artist Name-Ecrire-Cest-Comme-Sentrainer-Pour-Courir-Un-Marathon.mp3
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