Tenir en marge d’un projet rédactionnel un journal de bord d’écriture a la même fonction que le journal de bord d’un anthropologue ou d’un sociologue réalisant une enquête de terrain. Il doit permettre à l’auteur de prendre de la distance par rapport à son travail d’écriture.
Pourquoi tenir un journal de bord ?
Tenir un tel journal de bord pour chaque projet permet aussi de retrouver ses marques, des points de repères à la fois méthodologiques et temporels dans l’élaboration d’un texte. Comme le dit Annie Ernaux dans l’introduction de L’atelier noir, « Et dater, c’est se donner le moyen d’évaluer le temps qu’il a fallu pour élaborer un texte, c’est établir des repères avec soi-même, pouvoir comparer une période d’écriture à une autre et s’appuyer sur celle-ci pour ne pas désespérer ».
Chacun tiendra un journal d’écriture comme il l’entend. Ainsi pour Annie Ernaux, « C’est un journal d’avant-écriture, un journal de fouilles, qui m’accompagne encore un peu en début de rédaction, mais que j’abandonne aussitôt que je suis happée par la certitude d’aller jusqu’au bout du texte entrepris et que, dès lors, un regard en arrière, un repentir ou une hésitation ne sont même plus concevables. » *
Personnellement, je le tiens de bout en bout, sans m’arrêter. Il m’est aussi très utile lors de la relecture et de la réécriture du projet, comme je l’ai expliqué dans mon billet intitulé Flash-back sur la rédaction de mon premier roman jeunesse.
Ce que je note dans mon journal d’écriture
J’y écris rapidement sous forme de notes. L’aspect du journal, quand on le feuillette, est très brouillon car il n’est que pour moi-même. Personne n’est censé le lire et ne le lira. Il n’a aucun objectif littéraire. Il s’agit d’un outil de travail. Il me permet de garder le cap, de me rendre des comptes, de noter et de quantifier la progression de mon travail.
Voici donc brièvement, le contenu de mon journal de bord :
- la date, l’heure et le lieu d'écriture
- ce que je suis en train d'écrire, par exemple "suite chapitre 5"
- comment je me sens : motivée, heureuse, découragée, dégoutée de la vie, etc ...
- mon objectif du jour en nombre de mots ou en durée d'écriture (temps d'écriture)
- le découpage ou le déroulement par séquence d'une scène de l'histoire, ce que je veux faire dire ou faire faire au personnage. Bref, je dois savoir ou je vais.
- au cours de la séance d'écriture, je note dans ce journal de bord des idées en vrac que je réutiliserai plus tard pour des passages en amont ou en aval du projet.
En fin de séance :
- je note rapidement ce que je dois faire le lendemain ou des idées en vrac pour la suite. Ainsi le lendemain, je ne démarre pas à sec, j'ai une base. Cela évite les blocages.
- je fais un bilan de ma séance d'écriture : nombre de mots écrits, combien de temps j'ai effectivement écrit, pour savoir si j'ai atteint mon objectif.
- Enfin, je note mon état d'esprit : contente de mon travail ou pas du tout, relaxée, détendue ou contraire stressée, contrariée, etc ... Je me laisse vraiment aller.
J’opte pour un carnet ou un grand cahier mais je connais d’autres auteurs qui font la même chose dans une feuille Excell. Chacun sa méthode. Ce qui compte, c’est le résultat obtenu, à savoir arriver au bout de la rédaction de la première version de son projet. C’est bien l’objectif ultime de la tenue d’un journal de bord ou journal d’écriture que l’on rédige un roman, un guide pratique ou un récit autobiographique.
Et vous, tenez-vous un journal de bord lorsque vous écrivez un livre ? N’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires.
*Sources : Annie Ernaux, L’atelier noir, Editions des Busclats, 2011
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