Sur le blog de Writer Forever, je publie des articles et des vidéos sur les thèmes suivants : mon quotidien d’auteur, mes conseils en écriture, des interviews d’écrivains, la créativité au quotidien. Je partage aussi avec vous certains de mes textes, mon point de vue sur mes lectures et mon actualité du moment.
Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous la manière dont j’ai travaillé pour écrire mon premier roman jeunesse.
L’objectif n’est pas de vous donner une méthode de travail loin s’en faut, mais simplement de partager la manière dont je m’y suis prise. Ainsi, vous pourrez, je l’espère, tester certaines astuces et les reprendre à votre compte si vous le souhaitez. En effet, s’il n’y a pas de recette unique et prête à l’emploi pour écrire un livre (sinon, ce serait trop facile), il peut être utile selon moi de savoir comment d’autres auteurs s’y prennent afin de progresser, de tester et aussi de rester motivée.
Pour ce projet, la phase de préparation ou plutôt de maturation a été longue. En effet, j’ai eu l’idée de ce livre jeunesse sur l’expatriation en 2009 alors que je vivais aux Etats-Unis. Au départ, il s’agissait d’un projet d’album jeunesse. J’ai décidé de lire beaucoup sur le sujet avant de me lancer et du coup, je peux dire rétrospectivement que j’ai perdu de vue l’objectif initial de mon projet. J’ai lu. Beaucoup. J’ai écrit sur le sujet. Énormément, notamment sur mon blog Expat Forever. J’ai pris des détours, écrit un autre livre (Finding Your Feet In Chicago), fait des conférences et partager mon expérience de maman expatriée. Je crois que les recherches, les lectures, l’écriture d’un autre livre en lien avec ce projet initial était une manière de le repousser. De me préparer toujours un peu plus. Je ne me sentais pas prête. Je ne m’autorisais pas écrire ce roman qui pourtant était toujours là dans mon esprit et dont j’avais une idée assez précise.
C’est seulement en 2014 que j’ai commencé à sentir que j’étais prête, que je pouvais le faire. L’élément déclencheur a été ma participation à un atelier d’écriture jeunesse à distance. Il m’a aidé à me projeter dans un projet au long court. Mais surtout, j’y ai rencontré mon binôme, ma partenaire d’écriture, Séverine.
A l’issue de cet atelier d'écriture jeunesse à distance auquel nous avions toutes les deux participées, Séverine et moi avons décidé de continuer à travailler ensemble. D’abord en reprenant certains textes écrits lors de l’atelier puis à l’automne 2014 en décidant de nous atteler chacune de notre côté (j’étais en Chine, elle en France) à un projet de roman jeunesse. Nous avions chacune nos projets d’écriture et nous avons partagé une méthode :
En parrallèle, j’ai tenu un journal d’écriture spécifique à ce roman. Il était important pour moi de savoir où j’en étais émotionnellement tout au long de ce projet afin que mon personnage principal n’en ressente pas les effets. Ce journal était aussi un moyen de centraliser et de canaliser toutes mes idées qui venaient de toute part. Car comme l’a dit Erasmus, "Le désir d'écrire grandit en écrivant » et c’est ce que j’ai ressenti tout au long de ce processus créatif.
Ce journal m’a aussi permis de me fixer des objectifs quotidiens, de recenser le nombre de mots écrits par jour, de réaliser que je pouvais écrire vite, mieux et plus chaque jour, de découvrir que je pouvais rédiger un chapitre en cinq jours !
Bien sûr, il y a eu des hauts et des bas. Cela n’a pas été le nirvana chaque jour d’autant que j’ai du par la force des choses faire des pauses en raison de notre départ de Chine et de toute la préparation logistique que cela impliquait. Ce journal d’écriture et le soutien indéfectible de Séverine m’ont permis de terminer le premier jet du roman dans un laps de temps raisonnable selon moi, à savoir 10 mois (avec un déménagement à l’international au milieu).
Avant de m’attaquer à la phase de relecture et de réécriture, j’ai laissé reposer mon manuscrit un peu moins d’un mois, ce qui a correspondu à ma phase de réinstallation en France. Je ne pouvais tout simplement pas tout faire en même temps. Cela m’a paru long et court à la fois, mais c’était une étape nécessaire pour aborder le travail de relecture de manière sereine.
Là encore, je me suis posée un deadline : je devais avoir terminé pour le 30 septembre. Mission accomplie avec quelques jours d’avance ! Je dois bien l'avouer : j’étais très fière de moi !!
Car comme pour la phase de préparation ou de recherche, il faut aussi savoir s’arrêter de relire et de réécrire son travail. Un livre n’est jamais terminé. Un texte peut toujours être amélioré. Mais à un moment donné, l’auteur doit lâcher prise. Le manuscrit doit vivre une autre vie. Il doit être lu et apprécié par d’autres yeux. Car après tout, c’est pour les autres qu’on écrit, n’est-ce pas ?
Vous êtes en train d’écrire un livre ? Partagez dans les commentaires votre approche, vos astuces, vos trucs pour arriver à votre fin.
Commentaires
Bonjour Véronique,
Merci pour cet article, très intéressant. J'aime beaucoup l'idée du partenaire d'écriture (je suis bien placée pour savoir à quel point l'accompagnement est important ! :-))
Mais aussi celle du journal d'écriture : "Il était important pour moi de savoir où j’en étais émotionnellement tout au long de ce projet afin que mon personnage principal n’en ressente pas les effets." Cette phrase m'a interpellée. J'ai remarqué que lorsqu'on travaille sur un projet à long terme, on évolue. Surtout lorsque l'on gère d'autres choses en même temps (pour toi, sans doute, le déménagement). Et parfois l'écriture de la fin n'est pas celle du début ! Ca m'a un peu déroutée, je dois dire, lorsque j'ai réalisé. Est-ce que c'est indiscret de te demander le genre de choses que tu notes, en dehors du nombre de mots écrits ?
Quoi qu'il en soit, bravo pour ce roman jeunesse. Je lui souhaite beaucoup de succès !
Bien amicalement,
Laetitia
Bonjour Laetitia,
merci pour ton commentaire. Entièrement d'accord avec toi, Laetitia, l'écriture de la fin n'est pas forcément celle du début. C'est effectivement la difficulté principale lorsqu'on travaille sur un projet long. D'ou l'utilité du partenaire d'écriture qui peut pointer du doigt cet élément car quand on est le nez dans le guidon on ne s'en rend pas forcément compte. La relecture et la réécriture servent aussi à homogénéiser le travail dans son ensemble.
Mais cela peut aussi être un parti pris. Ce que je veux dire, c'est que en général dans un roman le personnage principal évolue au cours de l'histoire. Cela peut aussi se traduire par une évolution du style, un changement narratif (passage du "je" au "elle" ou "il"). J'ai déjà remarqué cela dans certain roman. C'est déroutant pour le lecteur mais cela a du sens. Bref, tout est possible. Cela dépend aussi de ce que l'on écrit. C'est vrai que pour du non-fictionnel, il faut une certaine homogénéité.
Pour répondre à ta question du journal de bord, voici ce que j'y note :
- la date et le lieu d'écriture
- ce que je suis en train d'écrire, par exemple "suite chapitre 5"
- comment je me sens : motivée, heureuse, découragée, dégoutée de la vie (�de09), etc ...
- mon objectif du jour en nombre de mots ou en durée d'écriture (temps d'écriture)
- le découpage ou le déroulement par séquence d'une scène de l'histoire, ce que je veux faire dire ou faire faire au personnage. Bref, je dois savoir ou je vais.
- au cours de la séance d'écriture, je note dans ce journal de bord des idées en vrac que je réutiliserai plus tard pour des passages en amont ou en aval du projet.
En fin de séance :
- je note rapidement ce que je dois faire le lendemain ou des idées en vrac pour la suite. Ainsi le lendemain, je ne démarre à sec, j'ai une base. Cela évite les blocages.
- je fais un bilan de ma séance d'écriture : nombre de mots écrits, combien de temps j'ai effectivement écrit, pour savoir si j'ai atteint mon objectif du jour.
- juste après, je note mon état d'esprit : super contente de mon travail ou pas du tout, relaxée, détendue, etc ... Je me laisse vraiment aller.
Je précise que ce journal d'écriture n'est que pour moi-même, personne ne le lit, il n'a pas d'objectif littéraire. C'est un outil de travail.
Voilà, j'espère avoir répondu à ta question. Ce sujet va faire l'objet d'un prochain billet sur ce blog. Donc à suivre ...
Merci Laetitia et à très bientôt, j'espère.
Véronique
Bonjour Véronique,
Merci pour votre article très intéressant.
Je suis aussi en train d'écrire un livre pour enfants (écriture, illustrations et mise en page) et je suis passée aussi par une longue période de réflexion et d'essais avant de trouver le format et le type d'illustrations souhaité.
Je n'ai pas de "partenaire d'écriture" mais j'envoie régulièrement les chapitres terminés à une amie (qui était illustratrice jeunesse) pour avoir son retour.
Je pensais au départ auto-éditer mon livre mais on me l'a déconseillé : quelle est votre approche par rapport à cela ?
Bon week-end.
Amicalement.
Virginie
Bonjour Virginie,
merci pour votre commentaire et bravo pour votre projet de littérature jeunesse en cours.
Tout d'abord j'aimerai que vous me disiez qui est le "on" derrière le "on me l'a déconseillé". Je ne vous demande pas des noms, mais est-ce un parent? un ami ?un professionnel du livre ? un libraire ?? Et comment cette personne le justifie-t-elle ?
Voici ce que j'en pense :
- si vous avez vraiment envie d'être publiée par une vraie maison d'édition parce que c'est important pour vous, alors proposer votre projet à des maisons d'édition. Mais soyez très patiente car les délais de réponses sont très très très longs quand vous avez la chance d'avoir une réponse. Certains répondent vite et d'autres, pas du tout. Même après plusieurs relances, ils ne répondent pas. C'est vraiment un travail de longue haleine. Il faut se faire sa place et c'est très chronophage. Ensuite, si votre projet est accepté, il faudra se mettre "aux normes" de l'éditeur, rentrer dans son cadre, mais si vous avez envoyé votre projet à tel éditeur en particulier, c'est que votre projet rentre dans sa ligne éditorial, n'est-ce pas ? Donc on peut espérer que les changements (et il y en aura) seront relativement minimes.
- S'auto-éditer permet d'éviter cela et d'être maître à bord mais il faut tout faire ou déléguer certaines tâches et donc déléguer aux bonnes personnes. S'auto-éditer c'est aussi assurer le marketing en ligne et en présentiel, la vente du livre sur des salons, bref la promotion etc ... Et là aussi c'est un travail énorme, bien plus important que la partie rédaction et illustration, finalement. Ceci dit certaines grandes maison d'édition ne font pas grand chose pour le marketing d'un livre, alors ... on n'est jamais mieux servi que par soi-même, n'est-ce pas ?
En ce qui me concerne, voici mon approche : j'envoie certains manuscrits à des maisons d'édition que j'ai sélectionnées en fonction du projet. Puis, je me donne un délai : par exemple si au bout de 6 mois ou un an, je n'ai pas de retour pour une histoire, je passe à autre chose. Et je pense alors à l'auto-edition pour le projet concerné. Autrement dit, mon plan A : les maisons d'éditions classiques (pour certains projets), puis mon plan B : l'auto-édition (Create Space pour le moment).
Mon conseil : si vous pensiez dès le début à l'auto-edition pour ce projet pourquoi changer maintenant, surtout si vous avez déterminé le format, les illus, etc ... Allez jusqu'au bout du projet. Ce sera aussi un moyen de montrer ce dont vous êtes capable, cela vous permet aussi de faire vos premières armes.
Qu'en pensez-vous ?
Tout dépend aussi des objectifs qu'il y a derrière : vous faire plaisir ? vendre des livres (argent) ?
J'espère avoir répondu à votre question. Merci et à très bientôt sur le blog de Writer Forever.
Véronique