Aujourd’hui, je souhaite partager un texte que j’ai écrit dans le cadre d’un atelier d’écriture. La consigne était simple, il s’agissait d’écrire un scène de rupture.
Voici ma production que vous pouvez écouter et lire ci-dessous.
Plantée devant la porte d’entrée de notre appartement, des sacs de courses à mes pieds, je fouille dans mon sac pour attraper mes clefs. Comme d’habitude, je ne les trouve pas. Je n’ai pas encore commencé à râler que la porte s’entrouvre doucement. Jean se tient devant moi, dans l’entrebâillement de la porte.
« Ben, qu’est-ce que tu fais là ? Ton bureau a pris feu pour que tu sois déjà rentré ? lui dis-je.
- Non, pas vraiment, me répond-il.
- Ah, tu m’as fait peur ! T’es malade ? »
Silence radio. Il me regarde comme un gros bêta. Je le pousse un peu avec mes sacs pour atteindre la cuisine.
« Toi, t’as un truc qui tourne pas rond au bureau. Allez, mon chéri, crache le morceau, ça ira mieux après ! »
Je déballe mes sacs plastiques : un pack de lait, des chipolatas, des endives …
« C’est pas au bureau.
- Ah, alors c’est où ? Tiens, tu peux m’aider, s’il te plaît ? lui dis-je, en lui tendant une bouteille de lait.
- J’ai rencontré quelqu’un.
- Ah oui, qui ça ? Mais où sont passés les oeufs ?
- … Tu n’as pas bien compris.
- Hein ? Quoi ?
- J’ai dit : j’ai rencontré quelqu’un, une autre femme. »
Je lâche les oeufs.
Il n’y aura pas d’omelettes aux pommes de terre ce soir.
C’est vraiment bizarre les choses auxquelles on pense, dans des moments-là. Du style : « une douzaine d’oeufs parterre, c’est vraiment du gâchis. Quand des petits enfants crèvent de faim ! Tout ça à cause d’un con de quarante ans qui vous balance dans la figure qu’il en baise une autre. » Je réalise qu’il vient, en quelque sorte, de me mettre un gros coup pied dans le ventre.
J’ai le souffle coupé. J’arrive à peine à prononcer : « Depuis quand ? ».
« Peu importe, répond-il. »
Comme un boxeur qui se relève, je hurle :
« Non ! Pas peu importe ! »
Je serre les poings. J’ai envie de lui en mettre un dans sa tronche de cake.
« Calme toi !
- Je suis calme, dis-je en lui jetant le pack de yaourts à la fraise sur les pieds. »
Il se baisse pour le ramasser et le pose sur la table de la cuisine. Il s’approche de moi et essaie de me prendre dans ses bras. Je résiste. Comment peut-il me faire ça à moi, sa femme ? Après toutes ces années …
Je me laisse faire. Je me retrouve les bras ballants, avec dans une main un sac de chips, dans l’autre le papier toilette et lui, ses deux grands bras protecteurs autour de moi.
Je ferme les yeux et je vois notre vie de couple défilée : notre rencontre sur les bancs de la fac de droit, les examens révisés ensemble, mon premier job, le barreau d’avocat pour lui, ma première promotion pour moi, notre mariage si réussi, les vacances à Saint-Jean-de-Luz, la vie qui passe et mon ventre sec et plat … et mon ventre sec et toujours plat.
C’est donc ça, la mort d’un couple ?
***
Écrire dans le cadre d'un atelier d'écriture me permet de produire des textes différents de ceux que j'écris d'habitude. Les consignes, imposées, me permettent de développer un peu plus ma créativité. Cela me permet de me rendre compte que je peux écrire des textes en dehors de mes champs de spécialité.
Et vous, écrivez-vous dans le cadre d'un atelier ? Si oui, en quoi cela vous aide-t-il ou au contraire cela vous limite-t-il ? N'hésitez à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires.