Une fois par mois, je vous propose sur le blog de Writer Forever une interview d'auteurs expatriés ayant publié un livre traitant de la vie à l'étranger, de l'expatriation ou d'un pays dans lequel ils ont vécu. Il peut s'agir de roman, de témoignages, de fragments de vie, de livre jeunesse ou d'un tout autre genre à partir du moment ou il traite de cette problématique particulière. Ces auteurs nous parlent des raisons qui les ont poussé(e)s à écrire leur ouvrage, de leur processus d'écriture, de la manière dont ils l'ont publié et de leur stratégie de promotion.
Aujourd'hui, je vous propose de rencontrer Florence Valerie Fox, l'auteur de Quarantaine Blues. Florence a travaillé dans le marketing et la communication dans plusiseurs grandes groupes du secteur de l'énergie, de l'automobile, de l'informatique, et des transmissions par satellite. Aujourd'hui, elle est un auteur primé (David Burland International Poetry Prizes 2013 et 2014) qui écrit en français et en anglais. The Balding Club and other shorts stories est paru en décembre 2013. Un recueil de poésie et un techno-thriller avec en toile de fond les accords de Kyoto vont paraître prochainement.
Elle fut une enfant expatriée et elle a rencontré son conjoint en Allemagne. Elle vit depuis six ans à Houston, Texas, où publie des articles sur le cinéma, les séries TV et les événements culturels dans différents magazines.
Bonjour Florence. Pourriez-vous m’en dire un peu plus à propos de votre livre et explique à qui il s'adresse ?
Quarantaine Blues s'adresse à tous ceux et celles qui vivent une crise identitaire ou existentielle ou encore à tous ceux qui traversent une période de remise en questions, voire ce qu'on appelle aussi une crise de transition de milieu de vie, qu'on appele parfois à tort "crise de la quarantaine", car cela peut intervenir avant cet âge. Cetet crise peut concerner les choix professionnels, personnels, ou simplement un épanouissement, qui fait défaut et dont on souffre.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
Je suis passée par cet état un peu étrange, la dernière année de décennie des trente ans. Je ressentais une angoisse irrationnelle à passer le cap des quarante ans, doublée d'une question lancinante : quelle est ma contribution, suis-je satisfaite de ma vie?
Ce qui m'a poussée, c'est un sentiment d'urgence et une force irrépressible. Il fallait écrire, sans doute pour comprendre et écluser ces angoisses : quel est le sens de ma vie ? Suis-je seulement une maman, une épouse, une expat dans un pays qui ne connait rien de ma carrière professionnelle passée, qu'est-ce qui valide ma vie ? Et pourquoi ? Il était temps de m'approprier mon rêve d'être écrivain, que j'avais voulu devenir dès 14 ans. Parfois, il faut du temps pour retrouver ses rêves et accepter sa vocation. Souvent cela se produit à la faveur d'une crise ou d'un sentiment de déconnection entre ses aspirations et ce qui est notre réalité, et le décalage devient trop insupportable pour être mis de côté. Alors on plonge dedans et on prend des mesures.
Quels ont été vos processus d’écriture, de l’idée à sa finalisation ? Combien de temps cela vous a-t-il pris ?
J'ai toujours écrit des textes ou des poèmes, et j'ai travaillé dans la com et le marketing, donc écrire est un processus naturel. En arrivant aux USA, j'ai décidé que c'était là une opportuité d'ouvrir un nouveau chapitre, et donc, pourquoi pas, loin de mon pays et des idées reçues, de rentrer dans ma peau d'écrivain et de voir ce qui en sortitait.
L'idée du livre est venue naturellement, en observant ma propre vie d'expat, l'adaptation à un nouveau pays. J'ai par la suite alimenté la reflexion en observant la vie d'autres expats, français ou européens, les heurts et les fêlures, les turbulences inhérentes à l'expatriation, et que je lisais sur des blogs également. J'avais certaines questions et angoisses, et d'autres avaient des difficutés d'un autre genre ou différents et j'ai fait converger tout cela dans le livre. Cet ouvrage m'a pris près de quatre ans et demi à écrire, mais j'ai produit d'autres écrits et gagné deux prix de poésie internationale au Royaume-Uni, ce que j'ai pris un peu comme la confirmation que je ne faisais pas fausse route.
Quelle(s) difficulté(s) avez-vous rencontré pendant l’écriture de ce livre ? Comment les avez-vous surmontées ?
Comme beaucoup, j'ai eu la panne de la page blanche, le fameux writer's block, j'en ai même fait un post sur mon blog. Dans mon cas, cela a duré un an, c'était à la fois douloureux et irritant. J'ai écrit d'autres choses pendant ce temps, cela dit, notamment des poèmes et un recueil de nouvelles en anglais, mais « Quarantaine Blues » a été longtemps au point mort, je ne supportais plus les personnages, je trouvais l'histoire difficile, et n'aspirais qu'à en avoir fini avec cette crise existentielle que je retranscrivais sur la page et qui se poursuivait.
Comment avez-vous trouvé une illustrateur et un designer pour votre couverture de livre ?
J'ai utilisé mes propres compétences professionnelles et je les ai appliquées à la création assistée de la plateforme de publication que j'avais choisie. Je n'avais pas encore de contacts de designer de couvertures à l'époque.
Comment avez-vous procédé pour publier votre livre ?
J'ai voulu essayer l'entrepreneuriat, qui est une chose qui me passionne. J'ai fondé ma propre maison d'éditions, pour avoir toute latitude de création et rester seule maître à bord, je suis très autonome, j'apprécie que les choses se concrétisent rapidement.
J'avais déjà été publiée par une toute petite maison d'éditions, qui n'avait pas du tout fait de travail de promotion et qui n'a pas accédé à ma requête de publier en e-book à l'époque. Je voulais de toute façon tenter l'aventure de l'entreprenatiat. Je ne suis pas auto-publiée, puisque j'ai créée une maison d'éditions qui donc est l'éditeur de mes livres et qui me permet d'avoir un ISBN (chose à laquelle je tiens beaucoup), comme marque de reconnaissante du travail des écrivains. C'est une sorte de crédibilisation, même si dans l'absolu, cela n'a pas une valeur si importante : c'est aussi le public qui en a besoin comme gage de professionnalisme ou de sérieux, je suppose.
Comment assurez-vous la promotion de votre livre ? Quelle est votre stratégie de promotion ?
J'ai des plateformes de résaux sociaux, mon blog, mon réseau LinkedIn sur lequel j'ai écrit des articles sur la crise du milieu de vie en général. Le livre a aussi fait l'objet de plusieurs articles dans d'importants (en terme d'auditoire et de lectorat) webzines d'expat et les newsletters de deux associations de français à l'étranger. J'ai aussi réalisé deux interviews sur une radio francophone à Vienne en Autriche.
Je suis dans une phase de publication d'avis de parution vers des titres presse écrite. Je planifie une stratégie de « blogtour ». J'envisage de faire une séance de signature bientôt, comme je l'avais fait pour mon premier livre, le recueil de nouvelles « The Balding Club and other short stories « (bientôt en kindle) et je vais participer à un salon d'entrepreneurs en novembre, comme l'an dernier pour Balding Club.
Quelle est la meilleure méthode selon vous pour promouvoir un livre ? Dans votre cas, qu’est-ce qui fonctionne le mieux ?
Tout d'abord, le réseau des gens proches, ensuite les réseaux sociaux, professionnels et « loisirs ». Ensuite le bouche à oreille, et puis il ne faut pas hésiter à se mettre en relation avec des groupes communautaires et intégrer des blogs de « promotion collective ».
Pour moi, c'est d'abord le fait que j'avais déjà écrit un premier ouvrage, qui avait bien marché et beaucoup plu, et ensuite les articles dont Quarantaine Blues a fait l'objet, car finalement beaucoup de lecteurs me disent que cela leur parle ou les « interpelle » à un niveau ou à un autre. C'est gratifiant que ce soit un sujet qui touche les lecteurs ou que cela les inspire pour se mettre en action et poursuivre leur « true calling », comme plusieurs me l'ont dit.
Que vous ont apporté la rédaction et la publication de ce livre ?
La rédaction m'a prouvé, si j'en avais besoin, que je suis écrivain, que c'est bien ma vocation. Je n'ai pas abandonné même dans les moments les plus difficiles ou les moins inspirés. Ensuite, beaucoup de personnes à qui j'en parlais, m'ont encouragée ; donc cela m'a permis de prendre de l'assurance. Cela m'a permis aussi de mettre au clair mes questionnements. J'ai pacifié des inquiétudes et décidé d'accepter que je ne peux renoncer à écrire.
Ensuite, la publication est une consécration, une concrétisation de tout ce travail de recherche et d'ajustements, et aussi (il faut l'avouer) de volonté de perfectionnisme. C'est aussi un puissant soulagement, je peux enfin attaquer les autres projets que j'ai en tête (et en synopsis) depuis plusieurs années (commencés pour certains) et dont les sujets on alimenté la réflexion durant le writer's block.
Enfin, l'immense satisfaction de savoir que ce livre, écrit pour combattre une angoisse, sur la base de ma difficulté à accepter le passage du temps, à savoir quel est le sens de ma vie et le passage à la quarantaine, résonne avec tant de lecteurs et leur donne le courage ou l'inspiration pour oser leurs rêves. C'est là véritablement un sentiment d'accomplissement personnel.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite écrire un livre ?
Je conseillerai de trouver une historie intéressante (en parler un peu à quelques personnes de confiance pour tester si le projet est valide), de s'armer de patience, de silence, d'une stratégie pour trouver du temps pour écrire et le faire accepter par son entourage. De faire des recherches (« do your homework and your research » comme disent les anglo-saxons) pour écrire des choses justes (rien de pire que l'approximation, cela décrédibilise). Enfin, de ne pas renoncer quand le combat est ardu (avec soi-même ; avec les personnages ; avec l'histoire ; avec la page blanche qui n'en finit pas d'être blanche des jours durant ; avec le quotidien qui mange le temps ; avec les deadlines...)
Et s’il s’agit d’une personne qui vit à l’étranger, quelles stratégies particulières doit-elle mettre en place ?
Profiter de heures creuses (écoles ou temps libre pas encore occupé) pour écrire, trouver la discipline de réduire les sorties ou les cafés et écrire. Dans son agenda, réserver des heures à l'écriture et s'y tenir (pour faire un travail de recherche, de préparation, écrire la « backstory » des personnages, trouver leur voix unique, leur style, etc).
Ecrire un livre, quelqu'il soit, cela ne se fait pas tout seul. Il y a des sacrifices à faire, pour dégager du temps, ne serait-ce que pour penser et structurer le sujet sur lequel on souhaite écrire.
Enfin, où peut-on se procurer votre livre ?
Quarantaine Blues est disponible sur Amazon.com et Amazon.fr, en version kindle ou papier
Merci Florence d'avoir partagé avec sincérité votre expérience d'auteur.
Si vous le souhaitez, vous pouvez suivre Florence sur sa page facebook : F.V.Fox